Ostensions – Eymoutiers

Jeudi Saint – Vendredi Saint

Vendredi Saint : La croix du Christ plantée dans la terre des hommes et l’histoire de l’humanité.

Nous vivons actuellement la mondialisation économique avec la libre circulation des marchandises. C’est l’économie de marché. Nous la vivons actuellement au niveau humanitaire. Toute la planète est soumise à une pandémie. Le monde est rassemblé sous la menace d’un virus.

Aujourd’hui en ce monde troublé par le virus mais sans doute plus encore par une civilisation de l’argent et d’un développement exponentiel, en quête de l’homme augmenté par les technosciences, écartant les pauvres, saccageant la terre, aujourd’hui, dans ce monde, est plantée la croix du crucifié, crucifié pour le monde.

Croix dérisoire, d’un homme, méprisé, rejeté mais se tenant sous la volonté du Père. Il est pendu « comme un oiseau de proie cloué sur la porte d’une grange », dit Péguy. Il est comme un « maudit » portant en lui les angoisses de toute personne aux portes de la mort. Il porte bien plus lourd que les souffrances de son corps : il porte les détresses de la multitude des hommes à travers l’histoire, les tortures barbares qui défigurent, les génocides, les famines, tant de drames qui font tant pleurer et tant souffrir. Il souffre de ce que l’Amour ne soit pas aimé.

Alors sur la croix se réalise la crucifixion de la mort, car en lui se tient l’Esprit du Père, lui qui ne peut pas mourir. Il anéantit La mort. Pas la mort humaine ! Mais la mort éternelle, la seconde mort, la nuit éternelle des tombeaux.

En effet descendu au plus bas, comme pour ramasser jusqu’aux poubelles de l’humanité, jusqu’aux plus grandes errances afin de ne laisser aucune misère humaine à l’abandon, il est « relevé » par le Père des Miséricordes qui voulait à tout prix se réconcilier le monde. Oui, il veut rassembler le monde sous les pieds du Christ.

Regardons le crucifié, bras largement ouvert comme le sont les croix romanes. Sur lui nous « envisageons » nos faiblesses et nos péchés. Mais en même temps nous contemplons à quel point il nous aime et, dans la foi, nous recevons notre libération, sans rien payer sinon la dette de l’amour, toujours à retremper dans son Amour, car nous ne savons pas vraiment aimer comme lui.

L’heure pour nous est à la com-passion avec le Christ dont la croix est plantée dans la terre et l’histoire des hommes. Prions silencieusement pour les souffrants, les blessés de toute manière, les persécutés. Ils sont chair de notre chair ! La prière, unie à celle du Christ est « acte de mondialisation », de portée mondiale. Elle est féconde pour nos frères et sœurs jusqu’aux extrémités de la terre et jusqu’au fond des consciences

Accueillons humblement l’ESPERANCE donnée par grâce, dans une immense confiance à la vie aujourd’hui et la vie pour demain. « Rien ne peut nous séparer de l’amour que le Christ nous porte », nous dit Saint Paul.

Soyons heureux d’être disciples d’un tel Sauveur . « Avec lui nous sommes les grands vainqueurs » (St Paul)

Bon recueillement du Jeudi et samedi saint. En ce temps de confinement l’Esprit Saint nous enseigne sur les fondements de notre foi. A qui voulons-nous appartenir ?

Gilles Gracineau

 

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Jeudi saint

Lors des Rameaux les gens déposaient leurs manteaux pour les mettre sous les pieds du petit âne et par là les mettre devant Jésus. Une manière d’exposer leur vie à Jésus

En ce repas pascal Jésus dépose son manteau, comme pour déposer sa vie devant le Père et devant ses compagnons. Le voici serviteur de ses frères. Il le sera jusque dans la mort pour neutraliser le péché personnel et le péché du monde. Il crucifie le péché car en lui se tient la puissance de l’Esprit. « Par l’Esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide » dit un père de l’Eglise * .

Au cours du repas il revêt le tablier du serviteur.
Pierre refuse de voir Jésus ainsi en serviteur, et le texte dit-même en esclave (doulos). Pierre rêvait, comme d’autres disciples, d’un Messie en force et puissance.

Cependant son amour pour Jésus va l’obliger à accepter de se faire laver les pieds. Il veut être avec lui. Il aime Jésus. D’ailleurs après la résurrection et après avoir pleuré, il lui dira tout son amour : « tu sais bien que je t’aime ».

Recevons ce beau message. Jésus est notre maitre, mais un enseignant plein de douceur à la manière d’un serviteur, d’un bon berger qui nous veut près de lui, avec bonheur, pour nous faire partager sa gloire dans une plénitude éternelle d’amour. Comment ? par le don de sa vie, à la manière des exclus de ce monde, rejoignant les cris de notre monde en souffrance et sans boussole.

Ayons la passivité de nous laisser rejoindre dans notre histoire pour nous laisser instruire et sauver. Alors, par expérience, nous pourrons servir et sauver comme Jésus, simplement en aimant comme Jésus, de manière souvent risquée. Demandons l’Esprit Saint.

Gilles Gracineau

 

* Meliton de Sardes écrit vers l’année 170 : « C’est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l’homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l’homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l’esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.