Ostensions 2009

Les ostensions limousines inscrites au patrimoine immatériel de l’Unesco

Les ostensions limousines, processions organisées tous les sept ans autour de reliques des saints locaux, en hommage à l’action bénéfique des reliques de saint Martial, ont été inscrites au patrimoine immatériel de l’Unesco.

 

Les Ostensions en Limousin
 994 : les premières Ostensions et le Miracle des Ardents

Les premières Ostensions eurent lieu le 12 Novembre 994. Le Limousin était alors en proie au mal des Ardents, maladie provoquée par un champignon, l’ergot de seigle. On trouvait ce parasite dans les céréales de fin de récolte utilisées pour faire le pain, ce champignon provoquait des épidémies. Les malades souffraient comme si un feu ardent les brûlait de l’intérieur. Les évêques, abbés et seigneurs d’Aquitaine réunis en concile à Limoges décident de lever les restes de saint Martial afin d’endiguer l’épidémie. L’épidémie cessa.

C’est le Miracle des Ardents. Dès lors, la coutume s’établit dès qu’un malheur menace la ville, on invoque les saints Patrons et on montre (d’où le mot Ostension) les reliques aux fidèles.

A l’occasion de ce fait exceptionnel, le clergé avec l’appui de Guillaume Duc d’Aquitaine proclame “la paix de Dieu” et amènent les seigneurs limousins à prêter serment et à s’engager à faire régner la justice et la paix.

L’évolution des Ostensions

Au XVI siècle, la coutume s’établit de célébrer à Limoges les ostensions générales tous les sept ans, avec cérémonie d’ouverture au mardi de Pâques et clôture à la fin du temps pascal. Cette périodicité de sept ans est à rapprocher des ostensions qui se déroulaient traditionnellement dans des diocèses germaniques, en particulier à Trèves et à Aix la Chapelle où ce même rythme est adopté dès la deuxième moitié du XIV siècle ; ou encore dans le Poitou, à Charroux, où la septennalité de l’ostension de la relique de la Vraie Croix est attestée en 1380.
L’arrivée de la Réforme, provoque des incidents dans le culte des saints et des reliques. Des groupes de protestants opèrent des destructions symboliques : croix rompues, statues de Vierges brisées, etc… Ces actes sont interprétés comme de véritables provocations blasphématoires et finissent par cristalliser un “front du refus” en milieu urbain qui isole les réformés après 1562.
En effet la population limousine est engagée dans un réseau serré et dynamique de sociabilités traditionnelles qui est étroitement lié aux pratiques religieuses familières et sensibles. De nombreuses confréries de métier et piété groupent des fidèles autour des fêtes patronales mêlant des éléments de réjouissance à la fois profanes et sacrées. Les ostensions appartiennent à ces manifestations extérieures du culte, accompagnées alors de représentations théâtrales.
Après un arrêté municipal d’interdiction des ostensions à Eymoutiers dans les années 1920, et d’après des témoignages, elles auraient eu lieu en 1939.

 

Les Ostensions Limousines aujourd’hui

La pratique de l’Ostension est dans un premier temps reprise ponctuellement, sans date fixe, lors de la venue à Limoges d’un personnage important (Saint Louis et Blanche de Castille en 1244, le pape Clément V en 1307, Louis XI en 1462, Henri IV en 1605) ou en cas de grandes catastrophes, guerres, épidémies, A partir de 1519, elle devient régulière, tous les sept ans.

Les Ostensions sont le cadre de manifestations étonnantes, expression d’une foi encore très vivante, entre profane et sacré.

Nombreuses sont les églises de la Haute-Vienne, Aixe sur Vienne, Ambazac, Bellac, Saint-Michel-des-Lions à Limoges, Nexon…, où l’on trouve des chasses émaillées qui renferment des reliquaires précieux (habits et ossements) des saints limousins et trésors religieux. Ces reliquaires et trésors religieux sont exposés durant des processions aux quelles participent avec ferveur la population locale. Après l’ouverture des reliquaires selon des rites précis, les reliques elles-mêmes sont exposées à la vénération des fidèles.

Les rues des communes Ostensionnaires sont décorées, ornées de fleurs, toute la population y participe : les autorités civiles, le clergé et les confréries œuvrent ensemble, défilent religieusement dans les mes de chaque ville ou village.

Les Ostensions mêlent le religieux et le profane, la dévotion et le spectacle. C’est un moment fort de rassemblement, une affaire de culture commune, de racines et d’identité limousine. Témoignage d’une foi séculaire. Elles sont une tradition religieuse et populaire, profondément ancrée dans l’histoire du Limousin. Il s ‘agit de cérémonies religieuses qui ont lieu tous les 7 ans depuis le Xème siècle dans 14 communes de la Haute-Vienne telles que Le Dorat, Limoges, Saint Junien , Aixe sur Vienne, Saint Léonard de Noblat…
D’avril à fin juin, des processions sont organisées pour honorer les saints limousins, ceux-ci étant souvent à l’origine, des ermites locaux.

La 8ème session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, qui s’est tenue à Bakou (Azerbaïdjan), du 2 au 7 décembre 2013, a inscrit les Ostensions septennales limousines sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité

En 2009 des Ostensions se sont déroulées en Haute-Vienne à Aixe-sur-Vienne, Aureil, Chaptelat, Eymoutiers, Javerdat, Le Dorat, Limoges, Nexon, Pierre-Buffière, Rochechouart, Saint-Junien, Saint-Just-le-Martel, Saint-Léonard-de-Noblat, Saint-Victurnien et Saint-Yrieix-la-Perche, dans la Creuse à Crocq, en Charente à Abzac et Esse et dans la Vienne à Charroux.

Les prochaines Ostensions auront lieu en 2016.

 

 Eymoutiers décorés

 La montée du drapeau

 Préparatif du cortège

Le cortège ostensionnaire

Les reliques